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La grande grève de février 1900

Contexte : A la fin du XIX e siècle une tâche c'est 300 pieds de canne tant pour le sarclage que pour la coupe : elle correspond à 4/5 heures de travail. A la fin des années 1870 et au début des années 1880 le travailleur perçoit pour la tâche un salaire de 2 francs. En 1848, 2 francs c’était le salaire moyen d’un ouvrier non qualifié. En 1900, le salaire pour la coupe de la canne est passé à un franc et même moins alors que la tâche a augmenté. Elle est en effet souvent  passée  à 700 /900 pieds de canne. Il y a aussi le système de la demi-journée institué pour contrer l’absentéisme. Toute personne qui ne fournit pas une journée complète de travail n’est rémunérée que pour une demi-journée. Le système du "piquant" aggrave les conditions de travail : si le géreur pense qu’il y a une malfaçon, il  pique une barre dans le paquet et le travailleur n’est pas payé. Le piquant donnait lieu à de nombreux abus. Le "caïdon" (mot indien) : c’est un morceau de métal gravé aux initiales du propriétaire, bon que donne le propriétaire à ses cultivateurs. L'ouvrier ne peut acheter que sur les boutiques de l’habitation appartenant à son employeur ou à son prête-nom. Au moment de la paye il ne perçoit que la différence entre ses dettes et son salaire si le solde est positif.

Déroulement : Depuis le 5 février, il y a une grève dans les villes de Sainte-marie, Marigot et Lorrain.  Des groupes de cultivateurs se présentent sur l'habitation Saint-jacques. Ils revendiquent 2 francs pour 300 pieds de canne à sucre. Ils se rendent à l'habitation Pain de Sucre puis à l'habitation Charpentier. Des usines de Trinité sont aussi concernées. Les rangs des grévistes grossissent peu à peu. On connaît des noms de grévistes : Paul Clerc, Siméon, Médouze. 

Le 6 février la grève s'étend à la côte est. Le travail cesse à Trinité, Lorrain, Bassignac puis dans la plaine du Lamentin. 

Le 7, la grève continue, le mouvement s'étend aux les habitations du Robert. Au Robert, l'usine est envahie puis évacuée.

Le 8 février, la grève s'étend au Nord, à Basse-Pointe et Macouba. A l'usine Gradis (Basse-Pointe) les ouvriers paraissent prendre les rênes de la grève (les turbineurs réclament 7 francs au lieu de 2,50 francs). Des grévistes du Robert font mouvement vers l'usine du Galion à Trinité et celle du françois. Certains grévistes demandent une conciliation et réclament 1,50 francs pour 300 pieds. Ils disnt qu'ils veulent profiter de l'amélioration de la situations des sucreries. A 17 heures 15, une fusillade a lieu dans une usine du François. Elle fera 10 morts et 12 blessés graves mais ne met pas fin à la grève. A 8 heurs 35, les propriétaires donnent leur accord à la réunion de conciliation.

Les 12 et 13 février, le mouvement touche Rivière-Monsieur, Acajou (usine La Favorite), Petit-Bourg, Rivière-Salée et Trois-Rivières.

Les négociations échouent entre le 10 et le 13 février. Mais le 13, la médiation menée avec Eugène Agricole, maire de Sainte-Marie et conseiller général, aboutit. Pour les travaux autres que la coupe et l'amarrage de la canne, on accorde 25% de hausse. Pour la coupe et l'amarrage : 1,25 francs pour le mari coupeur et 1,25 francs pour la femme amarreuse. Cet arbitrage ne concerne que les ouvriers de Sainte-Marie et Marigot.

Un autre accord est signé à Rivière-Salée. Les négociations commencent le 14 février avec Jean Hayot, 10 délégués des travailleurs des champs et de l'usine et en présence du sénateur Knight, notable de couleur qui avait pris parti pour les grévistes. Il y a 2000 grévistes qui entourent les négociateurs. Les pourparlers aboutissent le 15 grâce à Merlin, le Secrétaire Général du gouverneur. Augmentation de 50% des salaires; la tâche est fixée à 2 piles de 20 paquets de 10 bouts. On ne parle pas des 300 pieds. Les fiches (le "caïdon"des Saléens) et le "piquant" sont supprimés. Mais le principe de la demi-journée est maintenu. Pas de renvoi pour fait de grève.

La reprise est difficile surtout dans le Nord. Le patronat préférait l'accord de Sainte-Marie. La reprise se fait lentement entre le 13 février et la fin du mois. Sur la côte Est la reprise se fait par lassitude.